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Retour sur Bercy 2016

Le Championnat de France senior d’escalade de bloc a eu lieu les 4 et 5 Mars à La Baconnière. Ma nomination par la fédération en tant que Président de Jury m’a permis d’y officier avec la charge de gérer la quinzaine de juges, l’ensemble de la partie compétition, de veiller au bon déroulement de celle-ci et au respect du règlement, de vérifier et valider l’ensemble des résultats. Mais je ne vais pas m’attarder sur cette compétition et plutôt revenir à un événement encore plus gros : Les championnats du monde d’escalade, regroupant des valides et des handicapés, à l’Accord Hotel Arena anciennement nommé Palais Omnisport de Paris Bercy, du 14 au 18 septembre 2016.

Ayant déjà participé à l’organisation de beaucoup de compétitions nationales ou internationales, j’aurai pu prendre part à cet événement avec mes qualifications de juge national d’escalade de bloc et de difficulté et tout le prestige que cela représente : arbitre sur un championnat du monde, plutôt classe non ? Il n’en fut rien car j’ai fait le choix de troquer le costard cravate et les beaux souliers contre le bleu de travail, le casque et les chaussures de sécurité. J’ai intégré l’équipe des charpentiers-monteurs-décorateurs, en bref homme à tout faire. Arrivé à Bercy le vendredi 9 au soir, nous avions 4 jours pour préparer l’enceinte à cette compétition. 17 semi-remorques de matériel à vider sur le parvis et à recharger sur des petits chariots, l’architecture de Bercy ne permettant pas aux camions de rentrer directement dedans. Inventaire des choses à installer : 4 énormes structures d’escalade, montées par les ouvriers du fabricant Bulgare, 3 structures plus petites pour l’échauffement, une estrade géante avec rampes d’accès pour handicapé, à créer à partir de bois et des 3 petites estrades en tube, style échafaudage, situées devant les structures principales, l’écran géant composé d’une centaine de petits écrans reliés entre eux, une partie de la sonorisation, le chronométrage pour l’épreuve de vitesse, l’aménagement des salons privés pour les présidents de la fédération internationale et nationale ainsi que la décoration générale de la salle (moquette, banderoles, panneaux des sponsors, etc..). Et tout ceci en co-activité avec les 25 bulgares (3 nacelles, 2 manuscopiques et 2 Fenwick), notre équipe de 15 membres avec tout le matériel du bon bricoleur, l’équipe d’ouvreurs chargés de créer les parcours d’escalade avec leurs échelles, les cadres de la fédération, les employés de Bercy et du matériel, des prises, des volumes et des morceaux de structure d’escalade éparpillés partout sur le sol. 5 nuits plus tard, à peine 30 heures de sommeil, une journée de travail de 24h (réveil 6h00-couché 6h30 le lendemain), des repas pris en express, des changements de dernière minute, et l’arrivé de tous les autres bénévoles (juges, restauration, hôtesses d’accueil, vigiles, etc.), l’écrin de Bercy pouvait accueillir les perles de l’escalade mondiale. Faire partie de l’organisation, tout comme être président de jury d’ailleurs mais avec la pression en moins, donne accès à beaucoup d’endroits qui permettent de voir les compétiteurs dans leur préparation, le passage de la relaxation à l’échauffement puis à la concentration, les réactions après leur prestation : la colère, l’euphorie, la satisfaction, mais aussi la déception. J’ai eu l’occasion en coulisse de voir et surtout d’entendre notre français Manu Cornu, crier et sauter de joie lorsqu’il comprend qu’il est 3eme et médaillé de Bronze en bloc devant les 2 autres Français plus favoris que lui, les larmes de détresse de la Belge Anak Verhoeven qui malgré l’ascension complète de la voie de finale ne sera pas championne du monde et finira 2eme derrière la cadette-mutante Slovène Janja Garnbret qui sort également la voie mais avec une meilleure prestation en demi finale, le bonheur intense et le saut dans les bras de son entraîneur de la suissesse Petra Klinger, sacrée devant les japonaises archi-favorites, les étirements après l’effort du tchèque Adam Ondra, champion du monde en difficulté et vice champion en bloc, sur un coin de tapis dans la zone d’échauffement spartiate. C’est pour ces moments furtifs qui ont lieu en coulisse que j’aime être dans l’ombre lors de tels événements, ces moments que rarement on voit en télé. Et n’oublions pas tous les moments vécus comme n’importe quel spectateur à soutenir la prestation des grimpeurs en difficulté, français ou non, handicapés ou valides, les ovations, l’ambiance, le silence des 8500 personnes pour entendre le coach du japonais non-voyant, dicter avec une bouteille plastique comme porte-voix, le chemin sur le mur de difficulté.

Bref, difficile de résumer en quelques lignes 9 jours de passion, de moments uniques, de vie en commun avec l’équipe et l’esprit de camaraderie qui régnait, malgré l’enjeu, le timing serré que nous avions et la fatigue accumulée. Il nous restait une dernière mission à accomplir après ce spectacle : le démontage. Le matériel des 17 camions à sortir en moins de 32 heures, Bercy devant être libéré au plus tard le lundi soir 0h00 pour accueillir Justin Bieber le lendemain. Mission accomplie. Je n’étais qu’une fourmi parmi tant d’autres avec chacune une petite tache à accomplir, mais que le résultat d’ensemble était beau !

Lénaïc.

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